TABLE DES MATIÈRES
Titre et Introduction
I - Le but de la vie chrétienne.
II. - Notre Seigneur compare notre vie à un
marché.
III. - La prière est
supérieure aux autres vertus.
IV.
- Perte de contact avec Dieu.
V. -
La venue du Christ révélée par l'Esprit-Saint.
VI. - L'action de l'Esprit-Saint et celle de
l'ennemi.
VII. - Manifestation de
la présence de l'Esprit-Saint.
VIII - La révélation de Saint Séraphim.
Commentaire de l'archevêque
Benjamin
I. Le but de la Vie
Chrétienne
- Acquisition de
l'Esprit-Saint
par les Vertus
pratiquées au Nom du Christ
Récit du début de la
rencontre
C'était, écrit
Motovilov, un jeudi.
Le jour était
gris. La neige recouvrait la terre de plus de quinze centimètres; il en tombait
toujours une épaisse poudre blanche, quand le Père Séraphin commença l'entretien
avec moi sur la proche clairière, à côté de ce même « proche petit ermitage »,
en face de la rivière Sarowka, là où la montagne descend près de ses rives. Il
me plaça sur un tronc d'arbre qu'il venait d'abattre et s'accroupit en face de
moi.
- Le Seigneur m'a révélé, dit
le grand Staretz, que depuis votre enfance, vous vouliez savoir quel était le
but de notre vie chrétienne et que vous aviez maintes fois interrogé là-dessus
plusieurs personnages haut placés dans la hiérarchie de l'Église.
- Je dois dire que, depuis l'âge de douze
ans, cette pensée m'a continuellement inquiété et, qu'en effet, j'ai posé cette
question à beaucoup de personnalités ecclésiastiques, sans que leurs réponses
m'apportassent une satisfaction. Le Staretz ignorait cela.
- Mais personne, continua Père Séraphin, ne vous en a donné aucune définition. On vous disait: « Va à l'Église, prie Dieu, agis selon les commandements, fais le bien. Voilà le but de la vie chrétienne ». Et certains, même, trouvaient déplacée votre curiosité et vous répondaient : « Ne cherche pas au-dessus de ce qu'il t'est donné de comprendre ». Pourtant, ce n'est pas ainsi qu'il aurait fallu vous répondre. Aussi, moi, l'humble Séraphin, vous expliquerai maintenant en quoi consiste véritablement ce but.
La prière, le jeûne, les veilles et autres
bonnes pratiques chrétiennes, aussi excellentes qu'elles soient en elles-mêmes,
sont insuffisantes en tant que but, quoiqu'elles soient indispensables pour
l'atteindre.
Le vrai but de
notre vie chrétienne consiste dans l'acquisition de l'Esprit Saint de Dieu. Le
jeûne, la prière, la charité et toute bonne action accomplie au nom du Christ,
ne sont que des moyens pour cette acquisition du Saint-Esprit divin.
Remarquez-le bien, seule une
bonne action faite au nom du Christ, apporte les fruits du Saint-Esprit.Tout le
bien qui n'est pas fait au nom du Christ n'aura pas de récompense dans le siècle
à venir et n'apporte pas ici-bas, la grâce divine.
C'est de cela que le Seigneur Jésus-Christ a dit: «
Celui qui ne ramasse pas avec Moi, disperse! ».
La bonne action ne peut être appelée autrement que « récolte » car, bien qu'elle ne soit pas faite au nom du Christ, elle est néanmoins « bonne ». L'Écriture dit: « Quelle que soit sa langue, celui qui agit selon la Vérité est tellement agréable à Dieu, qu'à Cornelius, le centurion qui craignait Dieu et agissait selon la Vérité, l'Ange de Dieu apparut pendant sa prière et dit: « Envoie à Joppé, chez Simon, tu y trouveras Pierre, qui te dira les paroles de la vie éternelle qui te sauveront, ainsi que toute la maison ».
Ainsi, Dieu emploie tous Ses moyens divins pour donner la possibilité à un tel homme de ne point perdre, dans la vie future, la récompense sollicitée par ses bonnes actions.
Mais pour cela il faut, dès ici-bas,
commencer par une foi véritable en Notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu,
venu dans le monde sauver les pécheurs,
et par l'acquisition de l'Esprit Saint
qui introduit dans notre coeur le royaume de Dieu
et creuse le chemin pour l'obtention de la béatitude de la vie du siècle à
venir.
Mais cet agrément pour Dieu des bonnes
actions accomplies, « non au nom du Christ », se limite par cela: le Créateur
donne les moyens pour leur accomplissement. C'est à l'homme de les accomplir ou
de ne pas les accomplir. Voilà pourquoi le Seigneur a dit aux Hébreux : « Si
vous étiez dans l'ignorance, vous ne seriez point pécheurs.
Mais actuellement, vous dites que vous savez, et
votre péché demeure ».
Si l'homme, comme le fit Cornelius,
profite de ce que son oeuvre fut agréable à Dieu, quoique non accomplie au nom
du Christ, et se met à croire en Son Fils, alors. l'oeuvre accomplie lui sera
comptée à cause de sa foi en Jésus, comme s'il l'eût faite en son Nom. Dans le
cas contraire, l'homme ne peut pas se plaindre que le bien qu'il a accompli
n'ait pas porté de fruits.
Cela
n'arrive jamais dans les cas où un bien quelconque est pratiqué au nom du
Christ.
Le bien fait en Son Nom, non seulement sollicite la couronne de Vérité dans la vie future, mais remplit l'homme, dès à présent, de la grâce du Saint-Esprit, et ceci comme il a été dit: « Dieu donne l'Esprit Saint au-delà de toute mesure, car le Père aime le Fils et a tout donné entre Ses mains ». C'est ainsi dans l'acquisition de cet Esprit de Dieu, que réside le vrai but de notre vie chrétienne.
La prière, le jeûne, les veilles, la charité et toutes les autres pratiques faites au nom du Christ, sont seulement les moyens pour acquérir l'Esprit de Dieu.
On acquiert le Saint Esprit comme on
fait un achat
- Comment,
l'acquisition ! dis-je alors. Je ne le comprend pas tout à fait.
L'acquisition est comme un achat. Vous
comprenez bien ce que veut dire l'acquisition de l'argent ? Pareillement,
l'acquisition de l'Esprit-Saint ! Puisque vous comprenez ce que l ' «acquisition
» veut dire dans ce monde et que le but de la vie laïque de l'homme est
l'acquisition de l'argent, l'enrichissement et, pour la noblesse, en plus de
cela, les honneurs, les distinctions et autres récompenses pour les services
rendus à l'État, vous pouvez également comprendre que l'acquisition du
Saint-Esprit de Dieu constitue. aussi un capital, mais éternel et plein de
grâce, obtenu par des voies semblables à celles par lesquelles les capitaux
terrestres sont amassés.
II - Notre Seigneur compare
notre vie à un marché.
La
Parabole des Vierges Sages et des Vierges Folles.
Dieu, le Verbe, Notre Seigneur Dieu Homme, Jésus-Christ, compare notre vie à un marché et notre activité sur cette terre à un commerce. Il nous dit à tous: « Négociez jusqu'à Mon Avènement en économisant le temps, car les jours sont incertains... ». C'est-à-dire: gagnez du temps pour l'acquisition des biens célestes, en utilisant les biens terrestres, ceux-ci étant représentés par les vertus pratiquées au nom de Jésus-Christ nous apportant la grâce du Saint-Esprit.
Dans la parabole des Vierges Sages et des Vierges Folles, quand ces dernières manquent d'huile, il faut aller en acheter au marché. Or, quand elles en ont acheté, les portes de la chambre nuptiale sont déjà fermées, et elles ne peuvent y entrer. Certains disent que le manque d'huile chez les Vierges Folles, symbolise l'insuffisance de bonnes actions. Cette explication n'est point juste.
Quelle insuffisance de bonnes oeuvres
auraient-elles, en effet, puisqu'elles sont nommées «VIERGES » quoique
folles.
La virginité est une haute
vertu, car cet état égale celui des anges et pourrait, à lui seul, remplacer
toutes les autres vertus.
Moi,
humble Séraphin, je pense qu'il leur manquait justement la Grâce de l'Esprit
de Dieu. Pratiquant les vertus, ces vierges croyaient justement en ces
pratiques. « Ayant fait une bonne action, pensaient-elles, nous avons fait, par
cela même, l'oeuvre de Dieu ».
Quant à la grâce du Saint-Esprit, elles ne se
souciaient point de l'obtenir. C'est sur ce mode de vie, basé uniquement sur
la pratique des vertus, sans avoir examiné minutieusement si elles rapportaient
ces grâces du Saint-Esprit, et combien exactement, qu'il a été dit dans les
Écritures :
« Certaines voies
paraissent être bonnes au commencement,
mais leurs fins conduisent dans les abîmes
infernaux ».
Saint Antoine le Grand, dans ses
Épîtres aux moines, dit de ces vierges:
« Beaucoup de moines et de vierges ignorent
totalement les différences dans les volontés agissantes dans l'homme. Ils ne
savent pas que nous sommes le champ d'action de trois volontés:
1°) celle de Dieu, très parfaite et salvatrice pour
tous;
2°) notre propre volonté
humaine qui, en soi, n'est ni mauvaise, ni salutaire;
3°) celle du démon, nous conduisant à la
perdition.
Et c'est bien cette troisième volonté de
l'ennemi qui apprend à l'homme ,
soit à ne pas pratiquer la vertu du tout,
soit à le faire par vanité - ou pour le « bien » seulement, et jamais au nom du
Christ.
La deuxième, notre propre volonté, nous apprend à tout faire pour notre jouissance, ou alors, pareillement à celle de l'ennemi, nous apprend à faire le bien au nom du « bien » seul, sans se soucier de la grâce que l'on peut ainsi acquérir.
Quant à la première volonté, celle de Dieu, elle consiste essentiellement dans la pratique du bien uniquement au nom du Christ, pour l'acquisition de l'Esprit Saint, ce trésor éternel inépuisable que rien ne peut, ici, estimer à sa juste valeur.
Cette acquisition du Saint-Esprit est symbolisée par l'huile qui manquait chez les vierges folles. C'est pour cela qu'on les a appelées « folles », parce qu'elles ont oublié la chose essentielle, le fruit indispensable de la vertu - la grâce de l'Esprit Saint - sans quoi il ne peut y avoir de salut pour personne.
Puisque: « Toute âme est vivifiée par l'Esprit-Saint et s'élève par la pureté, et, mystérieusement sacrée, s'éclaire par l'Unité Trinitaire », l'Esprit Saint Lui-même vient habiter nos âmes. Cette habitation dans nos âmes par Lui, Tout Puissant, et la coexistence de Son Unité Trinitaire avec notre propre esprit, nous est accordée seulement si nous nous efforçons d'acquérir par tous les moyens Sa Grâce. Cette acquisition de la grâce prépare dans notre âme et dans notre corps, le trône où Dieu vient pour coexister avec notre propre esprit en un acte créateur.
Selon la parole immuable de Dieu: « Je viendrai et J'habiterai en eux et je serai leur Dieu et ils seront Mon peuple », c'est cette huile qui brûlait avec force et clarté dans les lampes des Vierges Sages, et elles purent ainsi attendre le Fiancé venu à minuit et pénétrer avec Lui dans la chambre nuptiale de la joie.
Les Vierges folles, voyant que leurs lampes s'éteignaient, allèrent, en vain, acheter de l'huile au marché, car à leur retour les portes étaient déjà fermées.
Le marché symbolise notre
vie.
Les portes de la
chambre nuptiale fermées, qui empêchent l'accès vers le Fiancé, notre mort. Les
Vierges folles et sages, les âmes chrétiennes.
L'huile ne symbolise pas les actions, mais bien la
grâce du Très Saint-Esprit divin qui transforme ceci en cela :
c'est-à-dire le
corruptible en incorruptible,
la mort psychique en vie
Spirituelle,
les ténèbres en
lumière,
notre étable existentielle, où les passions sont enchaînées comme des
bêtes,
en
temple de Dieu,
en
Chambre nuptiale de la joie ineffable en le Christ Jésus Notre Seigneur,
Créateur, Rédempteur, Éternel Fiancé de nos âmes.
Que la miséricorde divine envers notre
malheur est grande ! Notre malheur, c'est notre inattention pour les soins qu'Il
prend de nous, c'est cela notre malheur !
Dieu dit: « Je suis à la porte et Je frappe! »,
comprenant par le mot « porte », le cours de notre vie non encore fermé par la
Mort.
Oh! Combien j'aurais désiré que dans cette
vie vous fussiez toujours en la grâce du Saint-Esprit.
« Je vous jugerai dans l'état où je vous trouverai
», dit le Seigneur.
Malheur, grand
malheur s'Il nous trouve appesantis par les soucis et les peines terrestres.
«Qui pourra résister à Son courroux et qui pourra Lui faire face? ».Et il est
dit encore: «Veillez et priez afin de ne pas succomber dans la tentation »,
c'est-à-dire de ne pas perdre la grâce du Saint-Esprit, car les veilles et la
prière sont les moyens pour en acquérir.
III - La Prière est
supérieure aux autres Vertus.
- La force de la
Prière.
-
Entretien avec Dieu.
- Négociation des plus gros bénéfices spirituels
ou dons plus abondants de
l'Esprit-Saint.
la prière plus que les vertus donne
la grâce du Saint-Esprit parce qu'elle est disponible en
permanence
Il est certain
que toute vertu pratiquée au nom du Christ donne la grâce du Saint-Esprit, mais
la prière plus que tout autre,
parce qu'elle est toujours comme une arme à portée
de la main pour l'obtention de la grâce.
Vous auriez envie, par exemple, d'aller à
l'église,
mais elle se trouve trop éloignée ou l'office est terminé ;
vous auriez envie de faire l'aumône,
mais vous ne voyez point de pauvre, ou vous n'avez point de monnaie ;
vous voudriez rester vierge,
mais vous n'avez point assez de force pour cela,
à cause de votre constitution
ou à cause des embûches de l'ennemi
auquel la faiblesse de votre chair humaine ne vous permet pas de résister
;
vous voudriez peut-être faire
une autre bonne action, au nom du Christ,
mais vous n'avez pas assez de force pour cela,
ou bien l'occasion ne s'en présente pas.
Quant à la prière, tout ceci ne l'atteint
pas ; chacun en a toujours la possibilité,
le riche comme le pauvre,
le notable comme le simple,
le fort comme le faible,
le bien portant comme le malade,
le vertueux comme le pécheur.
la prière, si elle vient du fond du
coeur est capable de ressusciter les morts
Quelle est la force de la prière, même s'il s'agit
de celle d'un pécheur,
pourvu
qu'elle soit adressée du fond du coeur ?
Jugez-en par cet exemple donné dans la
Sainte Tradition :
« Quand elle
rencontra la mère désolée de l'adolescent ravi par la mort, la courtisane, qui
n'avait pas encore été purifiée du péché commis, s'écria, saisie de pitié
:
«
Seigneur, ce n'est pas à cause de moi, pauvre pécheresse, mais en considération
de la mère douloureuse qui croit en Ta puissance et en la miséricorde, accorde,
Jésus-Christ, Seigneur, de ressusciter le fils ! ».
Et Jésus le ressuscite.
Ainsi, grande est la force de la prière et elle nous apporte plus que toute autre chose l'Esprit Divin, étant à la portée de chacun.
Bienheureux serons-nous quand le Seigneur Dieu nous trouvera veillant dans la plénitude des dons de Son Esprit Saint. Nous pourrons alors espérer avec une sainte témérité d'être ravis sur un nuage à la rencontre, dans les airs, du Seigneur venant avec gloire et « en force» juger les vivants et les morts selon leurs oeuvres.
Qui désire s'entretenir avec un
grand saint, devrait à plus forte raison désirer la prière qui est s'entretenir
avec Dieu, la source inépuisable de grâces célestes et de biens
terrestres
Ainsi, vous
considérez comme un grand bonheur de pouvoir vous entretenir avec moi,
l'humble Séraphim, car vous êtes sûr qu'il n'est point dépourvu de grâce.
Alors, que dirions-nous de l'entretien
avec le Seigneur Dieu,
source inépuisable de grâces célestes et de biens terrestres
Et c'est justement par la prière que nous devenons
dignes de nous entretenir avec lui-même, notre Dieu très Bon, Source vivifiante
et notre Rédempteur.
Il ne faut prier que jusqu'à la
descente du Saint Esprit en nous
Après il faut être absolument silencieux, écouter
clairement et s'instruire des paroles de la vie éternelle qu'il voudra alors
vous annoncer
Mais, là aussi, il ne faut prier que jusqu'au moment où le Saint-Esprit, descendant sur nous, nous accorde dans une certaine mesure connue de Lui, Sa grâce céleste.
En effet, à quoi bon L'implorer : « Viens et demeure en nous et purifie-nous de toute souillure, et sauve, ô Très Bon, nos âmes ! », quand déjà Il a daigné venir vers nous pour nous sauver, confiants et implorants en humilité et amour Son Saint Nom, afin de Le recevoir dans le temple intérieur de nos âmes assoiffées et affamées de Sa venue.
Je veux expliquer cela par un exemple
:
Supposez que vous m'eussiez
invité chez vous, que je me fusse rendu à votre invitation et eusse voulu
m'entretenir avec vous. Et vous, malgré cela, auriez quand même continué à
m'inviter : « Veuillez venir chez moi ! ». J'aurais dit certainement : «
Qu'a-t-il ? Il n'est plus en possession de sa tête : je suis venu chez lui, et
voilà qu'il continue à m'inviter ! ». C'est la même chose avec le Seigneur Dieu,
l'Esprit Saint.
C'est pour cela qu'il est dit : «
Effacez-vous et comprenez que Je suis Dieu J'apparaîtrai aux peuples.
J'apparaîtrai sur la terre. » Cela veut dire Je vais apparaître à celui qui
croit en Moi, qui M'appelle, et Je vais m'entretenir avec lui, comme Je me suis
entretenu avec Adam au Paradis, avec Abraham, Jacob et mes autres serviteurs
Moïse, Jacob, et ceux qui leur ressemblent.
Beaucoup de personnes expliquent qu' « annulation »
concerne seulement les affaires de ce monde, c'est-à-dire que pour un entretien
en prière avec Dieu, il faut s'écarter de toute chose terrestre. Mais je vous
dirai, selon Dieu : certainement, il faut annuler tout cela, mais quand, appelé
par la puissante force de la foi et de la prière, le Seigneur Dieu Saint-Esprit
nous visitera, viendra vers nous, dans la plénitude ineffable de Sa Grâce, alors
il faut supprimer la prière même.
L'âme parle et profère des paroles quand
elle est en prière ; et à la descente de l'Esprit Saint, il convient d'être
absolument silencieux, écouter clairement et s'instruire des paroles de la vie
éternelle qu'il voudra alors vous annoncer. Il convient d'être pleinement
éveillé en son âme, son esprit, et par son corps.
Ainsi, à la montagne de Chorive, on a dit aux
Hébreux de ne pas toucher leurs femmes pendant trois jours avant l'apparition de
Dieu au mont Sinaï, puisque notre Dieu est un feu dévorant toute impureté et
rien d'impur de corps ou d'esprit ne peut entrer en contact avec Lui.
Dans la pratique des autres vertus
en vue d'acquérir la grâce du Saint Esprit,
il faut pratiquer celle qui produit en nous le plus
de fruit
Que chacun
pratique ce qui lui rapporte le plus de grâces
- Mais comment pratiquer, mon Père, les autres vertus au nom du Christ, pour l'obtention de la grâce du Saint-Esprit ? Vous venez de me parler seulement de la prière.
- Négociez aussi la grâce du Saint-Esprit
par toutes les autres vertus pratiquées au nom du Christ.
Négociez ces biens spirituels en employant de
préférence ceux qui vous apportent un bénéfice plus grand. Ramassez le capital
de ces bénéfices, bienheureux de la grâce divine, déposez-les dans l'épargne
éternelle divine, aux pourcentages immatériels, et non à 4 ou 6% mais au moins à
100 % et encore infiniment plus que cela.
Par exemple :
la prière en veillant vous apporte plus de grâce :
veillez et priez !
Le jeûne vous
apporte-t-il beaucoup de grâce ? Alors, jeûnez !
La charité vous en apporte-t-elle plus encore ?
Faites la charité !
Et ainsi,
considérez chaque bonne action faite au nom du Christ.
Ainsi vous donnerai-je l'exemple de ma propre vie,
celle de l'humble Séraphim :
dans notre vie chrétienne le but
n'est pas seulement de prier ou de faire du bien,
mais d'obtenir le plus de grâce
possible.
Je suis d'une famille de commerçants de la ville de Koursk et, avant que je n'entre au couvent, nous négocions ainsi les marchandises qui nous rapportaient les plus gros bénéfices. Faites de même et, de même que dans le commerce il est question non seulement de transaction, mais encore de réaliser de meilleurs bénéfices, ainsi dans votre vie chrétienne le but n'est-il pas seulement de prier ou de faire du bien, mais d'obtenir le plus de grâce possible.
Bien que l'Apôtre dise : « Priez sans
cesse », il vous souvient qu'il ajoute aussi Il vaut mieux que cinq mots soient
dits avec le concours de toute mon intelligence, que mille mots avec la langue
seulement. »
Et le Seigneur dit :
« Ce n'est pas celui qui m'appelle « Seigneur, Seigneur », qui sera sauvé, mais
celui qui accomplit la volonté de mon Père. » Cela veut dire - faisant l'oeuvre
de Dieu avec piété - car, « condamné est celui qui fait l'oeuvre de Dieu sans
zèle ».
Et l'oeuvre de Dieu, c'est de « croire en Dieu et en Celui qu'Il a envoyé, Jésus-Christ ».
Si l'on réfléchit correctement sur les commandements du Christ et sur ceux des Apôtres, on voit alors que notre activité chrétienne ne réside pas dans l'accroissement du nombre des bonnes actions, « qui ne sont que des moyens pour arriver au but principal de la vie chrétienne, mais réside dans le profit que l'on en retire, c'est-à-dire dans l'acquisition des dons tellement abondants du Saint-Esprit.
J'aurais tant voulu que vous ayez trouvé
cette Source intarissable de grâce et que, constamment, vous vous interrogiez
:
« L'Esprit-Saint est-il avec moi
ou non ?
Et si l'Esprit est avec
moi, que Dieu soit alors béni ! ».
De quoi nous inquiéterions-nous ? On peut même
aussitôt se présenter devant le Jugement dernier du Christ, puisqu'il est dit
:
« Je jugerai selon l'état dans
lequel Je vous trouverai ! »
Sinon
il faut trouver la cause pour laquelle l'Esprit-Saint vous a quitté et le
rechercher à nouveau et sans relâche jusqu'à ce que le Seigneur Saint-Esprit
soit retrouvé et demeure à nouveau avec nous par Sa Grâce.
Il faut pourchasser les ennemis qui nous empêchent d'aller vers Lui, jusqu'à leur anéantissement. Comme l'a dit le prophète David : « Je poursuivrai les ennemis et je les atteindrai, et ne reviendrai pas tant qu'ils ne seront pas exterminés ; je les offenserai et ils ne pourront se relever : Ils tomberont sous mes pieds ».
La grâce augmente quand on la
distribue
et le
cierge allume d'autres sans perdre sa lumière
Ainsi, faites du commerce spirituel avec
de la vertu.
Distribuez les dons
de la Grâce de l'Esprit Saint à qui les demande, en vous inspirant de cet
exemple : le cierge allumé, tout en brûlant lui-même d'un feu terrestre, allume
d'autres cierges qui éclaireront d'autres endroits, sans pour cela amoindrir son
éclat. Si telles sont les propriétés du feu terrestre, que dirions-nous du feu
de la Grâce du très Saint-Esprit de Dieu ?
De même, par exemple, la richesse
terrestre distribuée diminue et la richesse céleste de la Grâce divine augmente
au contraire chez celui qui la donne.
Ainsi le Seigneur Lui-même a daigné dire à la
Samaritaine : « Celui qui boit cette eau aura à nouveau soif ; celui qui sera
abreuvé par l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif, car cette eau
sera en lui la source s'écoulant dans la vie éternelle.
IV. - Perte de contact
avec Dieu.
-
Ténèbres actuelles du « Non savoir ».
- Souffle de Dieu sur
Adam.
- Les
fruits de l'Arbre de Vie.
- La présence de l'Esprit-Saint dans
le monde après la chute.
Comment faire pour savoir si le
Saint Esprit est avec moi ou non ?
Comment faire pour voir Dieu ?
- Mon Père, dis-je, vous parlez tout le temps de l'acquisition de la Grâce de l'Esprit Saint comme étant le but de la vie chrétienne ; mais comment et où puis-je la reconnaître ? Les bonnes actions sont reconnaissables ; mais comment l'Esprit Saint peut-Il être vu ? Comment pourrais-je savoir s'Il est ou non avec moi ?
- Dans le temps présent, à cause de notre froideur générale pour la sainte Foi en Notre Seigneur Jésus-Christ et à cause de l'inattention que nous manifestons vis-à-vis de l'action en nous de Sa divine Providence et de la perte du contact de l'homme avec Dieu, nous sommes arrivés à un tel point que nous nous sommes éloignés de la vraie vie chrétienne. Étrange nous parait actuellement le témoignage des Écritures Saintes, quand l'Esprit de Dieu, par la bouche de Moïse, dit : « Et Adam a vu le Seigneur se promenant au Paradis... », ou, si nous lisons dans l'apôtre Paul : « Nous allions à Antioche et l'Esprit de Dieu n'alla point avec nous. Alors, nous retournâmes vers la Macédoine et l'Esprit de Dieu nous accompagna ».
Dans bien d'autres endroits de l'Écriture
Sainte il est question de l'apparition de Dieu à l'homme. Aussi, certains
disent-ils : « Ces écrits sont incompréhensibles ! L'homme peut-il vraiment voir
Dieu d'une façon évidente ? ».
Et
pourtant, il n'y a rien d'incompréhensible. Cette « incompréhension » provient
du fait que nous nous sommes éloignés de la SIMPLICITÉ DU SAVOIR des premiers
chrétiens et, sous prétexte d'instruction, sommes entrés dans les TÉNÈBRES DU
NON SAVOIR.
Alors qu'au contraire,
les Anciens mentionnaient souvent dans leurs conversations habituelles
l'apparition de Dieu parmi les hommes, sans trouver cela étrange.
Ainsi Job, quand ses amis lui reprochaient
de médire de Dieu, répondait : « Comment cela se pourrait-il, quand je sens la
respiration du Tout-Puissant dans mes narines. » Ce qui veut dire : « Comment
pourrais-je insulter le Seigneur quand Son Saint-Esprit est avec moi... Si
j'avais insulté Dieu, Son Esprit Saint m'aurait abandonné, mais là je sens son
souffle dans mes narines ! »
De
même, il est dit qu'Abraham et Jacob ont vu Dieu et ont conversé avec Lui.
Jacob, même, lutta avec Dieu. Moïse a vu Dieu, ainsi que tout le peuple, quand
il à eu la grâce de recevoir les Tables de la Loi, sur la montagne de Sinaï. La
colonne de nuages et de feu - c'est-à-dire la Grâce évidente - de l'Esprit
Saint, servait de guide au peuple de Dieu dans le désert. Les hommes voyaient
Dieu et la Grâce de Son Esprit Saint, non pas en dormant ou en rêve, ou en
extase - fruit d'une imagination malade, - mais vraiment, en toute réalité.
Nous sommes devenus tellement inattentifs à l'oeuvre de notre salut et il en
résulte que nous comprenons beaucoup d'autres paroles des Saintes Écritures
autrement qu'il ne faudrait. Et tout cela parce que nous ne cherchons point la
Grâce divine, que nous l'empêchons, par l'orgueil de notre raison, de venir
habiter nos âmes et. à cause de cela, n'avons plus l'instruction véritable
donnée par Dieu aux coeurs des hommes affamés et assoiffés de Sa
Vérité.
quel est le sens du souffle de Dieu
dans les narines d'Adam ?
Plusieurs personnes expliquent que, quand la Bible
dit : « Dieu insuffla l'Esprit de Vie en la face d'Adam, premier né et créé par
Lui du limon de la terre », cela veut dire que jusqu'à ce moment-là Adam n'était
que chair créé du limon , sans âme ni esprit. Cette explication n'est point
juste ! Le Seigneur Dieu a créé Adam du limon en lui donnant une constitution
telle que l'apôtre Paul affirme : « Que votre esprit, âme et corps Soient
parfaits à l'avènement du Seigneur Jésus-Christ ». (1)
Chacune de ces trois parties de notre être était
créée du limon (2) de la terre. et Adam n'était pas créé mort, mais comme une
créature animale agissante, pareillement à d'autres créatures de Dieu, animées,
vivant sur la terre. Mais. la chose essentielle est que, si Dieu n'avait pas
insufflé ensuite à la face d'Adam. ce « souffle de vie », c'est-à-dire la
Grâce du Seigneur Dieu Esprit Saint procédant du Père, reposant dans le Fils et
envoyé dans le monde à cause du Fils, alors Adam, créé aussi parfaitement
supérieur qu'il fût à toute la création, étant son couronnement, serait
néanmoins demeuré sans avoir au dedans de lui l'Esprit Saint l'élevant à la
dignité d'un être ressemblant à Dieu, et serait pareil à toutes les autres
créatures ayant corps, âme, esprit - chacune selon son espèce - mais ne
possédant pas au-dedans d'elles l'Esprit Saint.
Quand le Seigneur Dieu insuffla l'Esprit
de Vie dans la face d'Adam, alors, selon l'expression de Moïse, il devint « un
Adam avec l'Âme de Vie », c'est-à-dire en tout pareil à Dieu, comme Lui
immortel dans les siècles des siècles !
Adam avait été créé jusqu'alors invulnérable ;
aucun élément créé n'avait d'action sur lui : l'eau ne pouvait le submerger, le
feu ne pouvait le brûler, la terre ne pouvait l'engloutir dans ses gouffres,
l'air ne pouvait lui nuire d'aucune façon ; tout lui était soumis comme au
favori de Dieu, comme au roi possédant la création. Et tous l'admiraient comme
le couronnement de, la création de Dieu.
A cause de l'Esprit insufflé dans la face d'Adam par la bouche du Très Puissant Dieu Créateur, Adam fut rempli par une incomparable sagesse ; jamais homme sur la terre ne pouvait, ne peut, ni ne pourra lui être comparé, tant sa sagesse et son savoir étaient grands.
Les connaissances d'Adam avant la
chute
Quand Dieu lui
ordonna de baptiser toute créature, Adam donna à chacune le nom convenable,
caractérisant toutes les propriétés, la force et les qualités que chaque espèce
possédait d'après le don que Dieu lui octroya pendant la création.
C'est à cause de ce don surnaturel de la
grâce divine du souffle de Vie qu'Adam a pu comprendre et voir Dieu qui se
promenait au Paradis. Le verbe de Dieu lui fut intelligible, de même que la
conversation des anges et le langage de toutes les bêtes, oiseaux, reptiles,
vivant sur la terre. Toutes les choses maintenant cachées pour nous, pécheurs,
tout cela fut clair et compréhensible à Adam avant la chute.
Le destin éternel prévu pourAdam et
Eve avant la faute
Dieu
donna à Eve la même sagesse, force et puissance, et autres saintes et bonnes
qualités, après l'avoir créée, non du limon, mais à partir de la côte d'Adam,
dans l'Éden de douceur, au Paradis que Dieu planta au milieu de la terre. Afin
qu'Adam et Eve puissent toujours facilement entretenir en eux les propriétés
divines, immortelles, parfaites, de grâce de ce souffle de Vie, Dieu planta au
milieu du Paradis l'Arbre de Vie et enferma dans ses fruits l'essence même et la
plénitude des dons de Son souffle divin. Si Adam et Eve n'avaient point péché,
alors eux-mêmes et toute leur descendance auraient pu toujours, en mangeant des
fruits de l'Arbre de Vie, entretenir en eux la force éternellement vivifiante de
la Grâce de Dieu et garder une immortelle plénitude de, force et jeunesse de la
chair, de l'âme, de l'esprit, sans vieillissement possible. Un état de Béatitude
éternelle, infinie, que notre imagination actuelle ne peut même pas
concevoir.
La faute leur fit perdre le don
inappréciable de la Grâce de l'Esprit de Dieu
Quand Adam et Eve, prématurément et contrairement
aux commandements de Dieu, goûtèrent aux fruits de l'Arbre et la connaissance du
Bien et du Mal, ils apprirent la différence entre le Bien et le Mal et
succombèrent à toutes les vicissitudes qui suivirent la transgression des
commandements de Dieu . Alors ils perdirent ce don inappréciable de la Grâce de
l'Esprit de Dieu. Jusqu'à l'incarnation de l'Homme-Dieu Jésus-Christ, l'Esprit
de Dieu « n'était plus dans le monde, puisque Jésus n'était pas encore glorifié
» !
l'Esprit de Dieu demeura présent
mais plus dans la même mesure
Cependant cela ne veut pas dire que l'Esprit de
Dieu était complètement absent du Monde, mais Sa présence n'avait pas la mesure
pleine qu'elle avait en Adam ou qu'elle peut avoir en nous, chrétiens
orthodoxes. Elle se manifeste partiellement et l'humanité en connut toujours les
signes.
Ainsi, par exemple, à Adam
après sa chute, ainsi qu'à Eve, ont été révélés les nombreux mystères concernant
le salut ultérieur du genre humain.
Malgré son iniquité, Caïn a pu comprendre la voix
de Dieu qui lui reprochait son crime. Noé a pu s'entretenir avec Dieu.
Abraham a vu Dieu et « Son Jour » et s'en
est réjoui.
La Grâce de l'Esprit
Saint agissant de l'extérieur se refléta dans tous les prophètes et les saints
d'Israël. Les Juifs installèrent par la suite des écoles spéciales prophétiques;
on y entrainaît à discerner des signes d'apparition de Dieu et des Anges et les
différences entre les manifestations du Saint Esprit et les manifestations
naturelles du monde créé.
Saint Siméon, les ancêtres Joachim et Anne, et d'innombrables serviteurs de Dieu eurent fréquemment des révélations diverses, des voix, des apparitions divines suivies de miracles évidents les affirmant.
Avec une force moins grande que dans le peuple de Dieu, la présence de l'Esprit Saint se manifestait aussi parmi les païens ignorant le Dieu véritable, puisque dans leur milieu Dieu trouva des hommes de son choix. telles étaient par exemple les sibylles-vierges prophétisantes ; elles gardaient leur virginité pour un Dieu inconnu, mais Tout Puissant et Créateur de l'Univers et Ordonnateur comme le reconnaissaient les païens.
De même, les philosophes païens, quoiqu'errant dans les ténèbres de la non-connaissance de Dieu, à la recherche de la Vérité, chère à Dieu, pouvaient, à cause de cette recherche qui lui est agréable, être dans une certaine communion avec l'Esprit Saint, puisqu'il est dit : « Les peuples ignorant Dieu, faisant naturellement le bien, agissent d'une manière agréable à Dieu».
Dieu aime tellement la Vérité que, par le
Saint Esprit, Lui-même annonce : « L'Esprit de Vérité brille en s'élevant sur la
terre et la Vérité descend des cieux ».
Ainsi, dans le peuple hébreu. sacré et aimé de
Dieu. et parmi les païens ignorant Dieu, s'est conservé une connaissance de
Dieu. c'est à dire la compréhension intelligente et claire de l'action du Saint
Esprit dans l'homme.
Aussi les peuples savaient-ils comment et selon quels signes extérieurs et quels sentiments intérieurs on pouvait être assuré que c'était vraiment l'action du Saint -Esprit et non l'envoûtement de l'ennemi. Cela se passait ainsi dans le monde, à partir d'Adam et jusqu'à l'incarnation du Seigneur Jésus-Christ.
V- La venue du Christ
révélée par l'Esprit-Saint.
- Renouvellement du « Souffle de Vie » perdu par
Adam.
- La Pentecôte.
- Le Baptême scelle les dons du
Saint-Esprit.
- Le pécheur repenti
purifié par la Grâce.
- Le Sang de
l'Agneau, échange précieux du Fruit de l'Arbre de Vie.
Jésus a soufflé sur ses apôtres pour renouveler le souffle de vie donné
à Adam
Sans cette connaissance
directe de l'action de l'Esprit Saint, conservée toujours dans l'humanité, il
eût été impossible de savoir vraiment si le fruit de la semence de la femme qui
devait écraser la tête du serpent, est venu dans le monde, comme il a été promis
à Adam et Eve.
Et voilà saint
Siméon, après la révélation qu'il reçoit à l'âge de 65 ans sur le mystère de la
conception de la Vierge Marie et la nativité du Seigneur, vit encore 300 ans,
par la grâce de l'Esprit Saint de Dieu. A l'âge de 365 ans, pendant la
présentation au temple, saint Siméon dit clairement qu'il a reconnu, par la
grâce du Saint Esprit, que l'enfant est ce même Christ Rédempteur dont la
conception surnaturelle et la naissance par le Saint Esprit lui ont été
annoncées 300 ans auparavant par l'ange.
De même, sainte Anne, prophétesse, la fille de Fanouyle, veuve depuis 80 ans, servante de Dieu, connue par tous pour des dons particuliers de la Grâce, sa pureté et sa véracité, proclame qu'en vérité c'est le Messie, vrai Christ, Dieu et homme, Roi d'Israël venu pour sauver Adam et tous les hommes.
Quand Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu accomplir l'oeuvre entière de rédemption, alors, après Sa Résurrection, Il souffla sur les Apôtres et renouvela ce même souffle de Vie perdu par Adam, leur octroyant la Grâce du Saint-Esprit divin.
Plus que cela, puisqu'il leur dit qu'il
allait vers le Père, que s'Il n'y allait pas,
l'Esprit Saint ne viendrait pas dans le
monde.
Et si Lui, le Christ,
allait vers le Père, Il enverrait dans le monde l'Esprit Saint,
et ce même Esprit Saint « Consolateur » leur
enseignerait ainsi qu'à tous ceux qui les suivraient, toute Vérité et leur
rappellerait tout ce que le Christ leur a dit étant encore dans le monde.
Ainsi était déjà promise par Lui la «
Grâce sur Grâce » perdue,
Et voilà le jour de la Pentecôte, solennellement, Il leur envoya l'Esprit Saint en un souffle de tempête, sous forme de langues de feu posées sur chacun d'eux. les pénétrant et les remplissant de la force flamboyante de la Grâce divine; souffle qui, tel une rosée reverdissante, recrée tout en joie dans les âmes qui communient à Sa force et à Ses activités.
La grandeur du don reçu par le
Baptême
Et cette même
grâce du souffle du feu de l'Esprit Saint, quand elle est donnée à nous tous,
fidèles du Christ, dans le sacrement du saint Baptême, est scellée
sacramentellement par l'onction des endroits essentiels (indiqués par l'Église)
de notre corps, dépositaire éternel de cette Grâce. On dit la formule: « Le
sceau du don de l'Esprit-Saint ».
Sur quoi, déposons-nous, humbles que nous sommes, nos sceaux, sinon sur les récipients contenant quelques trésors que nous apprécions hautement. Qu'est-ce qui peut-être supérieur en ce monde, c'est-à-dire plus précieux que les dons du Saint-Esprit, reçus d'en haut dans le sacrement du Baptême.
Cette grâce, reçue au baptême, est si grande, si indispensable, si vivifiante pour l'homme, qu'elle ne lui est point enlevée jusqu'à sa mort - même s'il devient hérétique, - la mort n'étant que le terme désigné d'en Haut par la Providence divine pour l'essai existentiel de l'homme sur la terre, afin de voir ce qu'il va faire à l'aide de cette grâce pendant le laps de temps octroyé par Dieu.
Si nous ne péchions jamais après notre baptême, nous serions toujours des serviteurs de Dieu saints et immaculés, inaccessibles à la souillure de la chair et de l'esprit.
Mais voilà le malheur, c'est qu'en prenant
de l'âge, nous ne grandissons pas en sagesse et en grâce divine, comme le
faisait notre Seigneur Jésus-Christ. Au contraire, nous nous dépravons peu à
peu, perdons la grâce du très saint-Esprit de Dieu et devenons pécheurs ou même
d'abominables pécheurs.
Mais quand
quelqu'un, exalté par la Sagesse divine qui cherche notre salut par toutes les
voies, se décide en Son Nom à se tourner vers Dieu et à veiller pour l'obtention
de son salut éternel, alors un tel homme, écoutant la voix de la Sagesse, doit
recourir au vrai repentir de tous ses péchés et à la pratique des vertus
contraires aux péchés commis; par ces pratiques des vertus au nom du Christ, il
arrivera à l'acquisition du Saint-Esprit agissant au dedans de nous et y
organisant le Royaume de Dieu.
La
parole de Dieu ne le dit pas en vain : « Le Royaume de Dieu est au dedans de
vous, on l'acquiert par la violence de l'effort ».
Cela veut dire que
les hommes qui,
malgré les liens du péché qui
les tiennent,
les poussant à de nouvelles iniquités
et les empêchant par leur contrainte d'aller vers Lui, notre
Rédempteur,
avec le parfait repentir, pour s'immoler avec Lui,
méprisent toute la force de ces
liens du péché
et font de violents efforts pour
les rompre,
et bien de tels
hommes apparaissent ensuite devant la face de Dieu
vraiment
plus blancs que la neige, blanchis par la Grâce.
« Venez », dit le Seigneur, « et si vos péchés sont écarlates, Je les rendrai blancs comme la neige » .
Explication de la vision de
l'apocalypse par saint Jean: les élus en robe blanche et palmes à la
main
C'est ainsi que,
pénétrant les mystères, saint Jean l'Évangéliste a vu de tels hommes en
vêtements blancs, c'est-à-dire en vêtements de justification, la palme à la main
en signe de victoire, chantant à Dieu le chant merveilleux « alléluia ». « La
beauté de leurs chants ne pouvait être imitée par personne ».
En parlant de ces hommes, l'ange de Dieu dit : « Ceux-là sont venus à travers une grande souffrance, ils ont rectifié leurs vêtements qu'ils ont blanchis dans le sang de l'Agneau », «rectifié » par la souffrance, « blanchis » en communiant aux Très Saints Vivifiants Mystères de la Chair et du Sang de l'Agneau sans tache, immaculé, Christ volontairement immolé avant les siècles pour le salut du monde, toujours et jusqu'à aujourd'hui immolé, fractionné et jamais consommé, nous donnant un éternel et inépuisable, salut à l'heure du départ pour la vie éternelle, une réponse favorable à l'heure de Son redoutable jugement.
C'est le change très précieux, dépassant tout entendement, de ce fruit de l'Arbre de Vie dont l'ennemi de l'homme, Lucifer, tombé du ciel, aurait voulu dépouiller l'humanité.
Lucifer et la Vierge
Marie
Bien que l'ennemi,
Satan, ait séduit Eve et qu'Adam soit tombé avec elle, le Seigneur non seulement
leur donna le Rédempteur, Qui par Sa mort vainquit la Mort, mais donna à nous
tous, en la personne de Marie, toujours Vierge, Mère de Dieu, qui a effacé en
elle-même et efface dans tout le genre humain la tête du serpent, une avocate
intercédant sans cesse avec instance auprès de son Fils, notre Dieu, une avocate
que rien ne peut rebuter, qui gagne toujours, même s'il s'agit de la cause des
plus abominables pécheurs.
C'est pour cela que la Mère de Dieu est
appelée « Ulcère des diables! »,
puisqu'il est impossible au diable de faire
périr l'homme,
pourvu que
l'homme lui-même ne cesse de recourir à l'aide de la Mère de Dieu.
VI. Différence entre
l'action de l'Esprit Saint et celle de l'ennemi .
La grâce de l'Esprit Saint est Lumière.
Je dois encore expliquer en quoi consiste la différence entre l'action de l'Esprit Saint, Qui vient, en un saint mystère, habiter le coeur de ceux qui croient au Seigneur Dieu. notre Sauveur Jésus-Christ, et l'action de la « ténèbre du péché », ténèbre à l'instigation du diable et enflammée par lui, agissant en nous comme une voleuse.
L'Esprit de Dieu remet constamment en notre mémoire les paroles du Seigneur Jésus-Christ avec qui Il agit toujours solennellement, créant la joie dans nos coeurs et dirigeant nos pas vers le chemin de la paix.
L'esprit envoûteur, satanique, oeuvre subtilement dans le sens contraire au Christ et ses actions en nous sont tumultueuses, révoltées, pleines de la luxure de la chair et des yeux et de vaniteux orgueil.
Explication de:
" Celui qui vit et croit en Moi ne
mourra jamais !"
«
La Lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne peuvent la saisir
»
« En vérité. en vérité, Je vous le dis :
Celui qui vit et croit en Moi ne mourra jamais! »
Cela veut dire: celui qui possède la Grâce de
l'Esprit Saint à cause de sa foi orthodoxe, s'il a la faiblesse humaine de
commettre quelque péché et meurt spirituellement, ne connaîtra cependant jamais
la mort, car il sera ressuscité par la Grâce du Seigneur Jésus-Christ Qui prend
sur Lui les péchés du monde et octroie gratuitement Grâce sur Grâce.
On dit dans l'Évangile, en parlant de cette Grâce, manifestée au monde entier et à toute l'humanité dans l'Homme-Dieu: « il était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes », et on ajoute: « La Lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne peuvent la saisir »,
Cela veut dire que la Grâce de l'Esprit Saint donnée par le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, malgré les chutes de l'homme, malgré les ténèbres autour de notre âme, brille quand même au fond du coeur d'une Lumière divine, qui a été dès le commencement, Lumière des mérites inappréciables du Christ. Devant le non-repentir du pécheur cette Lumière du Christ clame au Père: « Ave Pater! Que Ton courroux ne soit pas sans rémission contre ce non-repentir ». Et après, quand le pécheur se tourne vers le chemin du repentir, elle efface complètement les traces mêmes des crimes commis, habillant à nouveau l'ancien criminel d'un vêtement incorruptible tissé de la Grâce de l'Esprit Saint, dont l'acquisition est le but de la vie chrétienne, comme je ne cesse de vous le faire entendre.
Je vous dirai, pour que vous l'entendiez mieux encore, ce qu'il faut comprendre par la GRÂCE DE DIEU, comment la reconnaître et comment se manifeste particulièrement son action sur les hommes qui en sont éclairés.
La Grâce du Saint Esprit est
LUMIÈRE. Elle éclaire l'homme.
la Grâce du Saint Esprit apparaît comme une
ineffable Lumière à tous ceux auxquels Dieu veut bien la
manifester.
La Grâce du Saint Esprit est LUMIÈRE. Elle
éclaire l'homme. Toutes les Saintes Écritures en parlent.
L'ancêtre du Dieu-homme, David, a dit: « Le
luminaire qui éclaire mes pas, C'est Ta Loi et mes pas suivent Ta Lumière, et si
je n'avais pas été enseigné par Ta Loi, j'aurais déjà péri en mon humilité
».
Cela veut dire: La Grâce de l'Esprit Saint exprimée dans la Loi par les paroles des Commandements de Dieu sont mon luminaire et ma lumière. Et si ce n'est pas la Grâce de l'Esprit Saint que j'acquiers avec une telle patience et une telle application, il faut que sept fois par jour j'apprenne à connaître les destinées (destinées = chemins) de Ta Vérité; si ce n'était pas cette Grâce qui m'avait toujours éclairé dans la multitude des soucis qui m'accompagnent nécessairement dans ma grande fonction de roi, où aurais-je pris même une étincelle de lumière pour éclairer ma voie dans le chemin de la vie rendu ténébreux par l'inimitié de mes ennemis.
En effet, le Seigneur maintes fois manifesta aux yeux de beaucoup l'action de la Grâce de l'Esprit Saint sur les hommes qu'Il voulait éclairer et instruire, par Ses grandes révélations.
Rappelez-vous Moïse après sa conversation
avec Dieu sur la montagne de Sinaï.
Les hommes ne pouvaient le regarder, tellement sa
face était nimbée d'une lumière extraordinaire; il était même obligé de
n'apparaître au peuple que sous un voile.
Rappelez-vous la « Transfiguration » du Seigneur
sur la montagne de Thabor! Une grande lumière Le saisit, « Ses vêtements
devinrent blancs comme de la neige éclatante et Ses disciples, pris de crainte,
tombèrent la face contre terre ». Et quand Moïse et Elie apparurent baignés de
la même lumière, alors il est dit: « Un nuage » cacha le rayonnement de la
Lumière divine, afin de préserver les yeux aveuglés des disciples.
Ainsi, la Grâce du Saint Esprit apparaît comme une ineffable Lumière à tous ceux auxquels Dieu veut bien la manifester.
La Grâce du Saint Esprit fait sentir
qu'elle est là en nous
l'exemple des Apôtres y faisant allusion dans leurs
lettres
- Mais, de quelle
manière puis-je reconnaître si je me trouve en la Grâce du Saint Esprit ?
- C'est fort simple puisque Dieu
dit : « Tout est simple pour celui qui acquiert la Sagesse».
Notre malheur, c'est que nous ne la
recherchions point, cette Sagesse divine qui n'est pas présomptueuse, n'étant
pas de ce monde. Cette Sagesse, remplie d'amour pour Dieu et le prochain, recrée
chaque homme pour son salut.
C'est
en parlant de cette Sagesse que le Seigneur a dit: « Dieu veut que tous soient
sauvés et parviennent à la Sagesse de la Vérité ».
En parlant du manque de cette Sagesse, le Seigneur
dit à Ses Apôtres: « Combien vous manquez de Sagesse! N'avez-vous pourtant pas
lu les Écritures pour pouvoir comprendre cette parabole! »
Et encore, de cette Sagesse d'esprit il
est dit dans les Évangiles, en parlant des Apôtres: «Dieu a ouvert leur
intelligence » et les Apôtres savaient toujours si l'Esprit de Dieu était avec
eux ou non. Pénétrés par Lui, reconnaissant Sa présence en eux, ils disaient
affirmativement que leur cause était sainte et agréable à Dieu.
Ceci explique pourquoi, dans leurs Épîtres, ils
écrivaient: « Il a plu au Saint Esprit et à nous... », et seulement sur ces
bases proposaient leurs Épîtres comme vérité infaillible, utile à tous les
croyants, puisqu'ils reconnaissaient en eux d'une façon qui leur était tangible
la présence de l'Esprit Saint. Aussi, voyez comme c'est simple !
VII - La manifestation de la
présence de l'Esprit Saint expérimentée par Molovotov:
- La lumière, le bien-être, le silence, la douceur,
la chaleur, l'aromate, la joie.
-
« Le Royaume des Cieux est la paix et la joie en l'Esprit Saint ».
Molovitov reçoit la grâce de voir
une certaine transfiguration de saint Séraphin,
saint Séraphin avait prié Dieu pour demander cette
grâce
- Quand même,
répondis-je, je ne comprends pas encore comment je puis être vraiment sûr d'être
dans l'Esprit Saint ! Comment puis-je en moi-même reconnaître Sa véritable
présence ?
Petit Père Séraphin
répondit : « J'ai déjà dit que c'était fort simple et vous ai raconté d'une
façon détaillée comment les hommes peuvent être en la plénitude de l'Esprit
Saint et comment il faut reconnaître Son apparition en nous. Alors que
voulez-vous de plus ? ».
- Il me
faut, dis-je, pouvoir le comprendre mieux encore !.
Alors Père Séraphin me serra fortement les épaules
et dit
- Nous sommes tous les deux
en la plénitude de l'Esprit Saint ! Pourquoi ne me regardes-tu pas ?
- Je ne le puis, dis-je, car des
foudres jaillissent de vos yeux. Votre face est devenue plus lumineuse que le
soleil et mes yeux sont broyés de douleur !
- N'ayez pas peur, dit saint Séraphin. Vous êtes devenu aussi lumineux que moi; vous êtes aussi, à présent, en la plénitude de l'Esprit Saint Autrement, vous n'auriez pu me voir ainsi ». Et inclinant la tête vers moi, il me dit doucement à l'oreille: « Remerciez le Seigneur de nous avoir donné Sa Grâce ineffable. Vous avez vu que je n'ai même pas fait un signe de croix; seulement, dans mon coeur, en pensée, j'ai prié le Seigneur Dieu et j'ai dit: «Seigneur, rends-le digne de voir clairement avec ses yeux de chair la descente de l'Esprit Saint, comme Tu l'as fait voir à Tes serviteurs élus quand Tu daignas apparaître dans la magnificence de Ta Gloire ! ». Et voilà, petit père, Dieu exauça immédiatement l'humble prière de l'humble Séraphin ! Comment pourrions-nous ne pas Le remercier pour ce don inexprimable accordé à nous deux ?
Réalisez que ce n'est pas toujours aux grands ermites que Dieu manifeste ainsi Sa Grâce. Telle une mère compatissante, cette Grâce de Dieu a daigné panser votre coeur douloureux par l'intercession de la Mère de Dieu elle-même.
Alors, pourquoi ne me regardez-vous pas dans les yeux ? Osez me regarder simplement et sans crainte ! DIEU EST AVEC NOUS !
Molovitov fait l'expérience de la
Paix de Dieu
Après ces
mots, je regardai sa face et une peur surnaturelle encore plus grande m'envahit.
Représentez-vous la face d'un homme qui vous parle au milieu d'un soleil de
midi.
Vous voyez les mouvements de
ses lèvres, l'expression changeante de ses yeux, vous entendez sa voix, Vous
sentez que quelqu'un vous serre les épaules de ses mains, mais vous n'apercevez
ni ses mains, ni son corps, ni le vôtre, mais seulement cette éclatante lumière
qui se propage à plusieurs mètres de distance tout autour, éclairant la surface
de neige recouvrant la prairie, et la neige qui continue à nous saupoudrer, le
grand Staretz et moi-même. Qui pourrait imaginer mon état d'alors !
- Que sentez-vous à présent ? demanda
saint Séraphim.
- Je me sens
extraordinairement bien !
-
Mais... Comment cela, « bien » ? En quoi consiste ce « bien » ?
- Je ressens en mon âme un silence, une paix, tels
que je ne puis l'exprimer par des paroles...
- C'est là, dit le Père Séraphin, cette paix même que le Seigneur désignait à Ses disciples lorsqu'Il leur disait: « Je vous donne Ma paix, non comme le monde la donne. C'est Moi Qui vous la donne. Si vous étiez de ce monde, le monde aurait aimé les siens. Je vous ai élus et le monde vous hait. Soyez donc téméraires, car J'ai vaincu le monde ! ».
C'est à ces hommes, que le monde hait,
élus de Dieu, que le Seigneur donne la paix que vous ressentez à présent - «
cette paix », dit l'Apôtre, « qui dépasse tout entendement ».
L'Apôtre désigne ainsi cette paix parce qu'on ne
peut exprimer par aucune parole le bien-être que ressent l'âme des hommes dans
le coeur desquels le Seigneur Dieu l'enracine. Le Christ Sauveur l'appelle « Sa
paix », venant de Sa propre générosité et non de ce monde, parce qu'aucun
bonheur terrestre provisoire ne peut donner cette paix.
Elle est donnée d'En Haut par le Seigneur Dieu
Lui-même, c'est pourquoi elle se nomme: «LA PAIX DU SEIGNEUR ».
Molovitov expérimente aussi la
Douceur et la Joie de l'Esprit Saint
Acomptes de la gloire future
Mais que ressentez-vous en plus de la
paix ? demanda saint Séraphin.
-
....une douceur extraordinaire...
- C'est cette douceur dont parlent les Saintes
Écritures: « Ils boiront le breuvage de Ta maison et Tu les désaltéreras par le
torrent de Ta douceur ». C'est cette douceur qui déborde dans nos coeurs et
s'écoule dans toutes nos veines en un inexprimable délice. On dirait qu'elle
fait fondre nos coeurs, les emplissant d'une telle béatitude qu'aucune parole ne
saurait la décrire. Et que sentez-vous encore ?
- Tout mon coeur déborde d'une joie
indicible.
- Quand le Saint
Esprit, continua saint Séraphin, descend vers l'homme et le couvre de la
plénitude de Ses dons, l'âme de l'homme se remplit d'une inexprimable joie,
parce que le Saint Esprit recrée en joie tout ce qu'Il a effleuré. C'est de
cette même joie dont parle le Seigneur dans l'Évangile: « Quand la femme
enfante, elle est dans la douleur, car son heure est arrivée. Mais, ayant mis au
monde un enfant, elle ne se souvient plus de la douleur. tant la joie d'avoir
enfanté est grande. Vous aurez de la douleur dans le monde, mais quand Je
vous visiterai, vos coeurs se réjouiront et votre joie ne vous sera point ravie
».
Pour autant qu'elle soit consolation,
cette joie que vous ressentez à présent dans votre coeur n'est rien en
comparaison,de celle dont le Seigneur Lui-même a dit par le voix de Son
Apôtre:
« La joie que Dieu réserve
à ceux qui l'aiment ne peut être vue, ni entendue, ni ressentie par le coeur de
l'homme dans ce monde ».
Ce ne
sont que des « acomptes » de cette joie qui nous sont à présent accordés, et si
déjà nous ressentons en nos coeurs douceur, jubilation et bien-être, que dire
alors de cette autre joie qui nous est réservée dans le ciel à nous qui pleurons
ici-bas.
Ainsi, vous aussi avez assez pleuré dans votre vie sur cette terre, et voyez par quelle joie vous console dès ici-bas le Seigneur. Maintenant, c'est à nous d'oeuvrer en accumulant les efforts, croissant de force en force pour atteindre la mesure de l'âge (maturité) dans l'accomplissement de l'oeuvre du Christ et pour que les paroles du Seigneur s'accomplissent en nous: « Ceux qui patienteront au nom du Seigneur changeront de force, obtiendront des ailes, tels des aigles, s'épancheront sans fatigue, partiront sans connaître jamais la faim, croissant de force en force, et le Dieu des dieux leur apparaîtra dans la Sion de sagesse et de visions célestes ».
C'est alors que notre joie actuelle, trop petite et éphémère, nous sera donnée en sa plénitude sans que personne puisse nous la ravir et nous remplira de jouissances célestes inexprimables.
la Chaleur et l'aromate de
l'Esprit Saint les enveloppent
- Que sentez-vous en plus de cela, votre Théophilie
?
- Une chaleur extraordinaire,
répondis-je.
- Comment cela,
chaleur ? Ne sommes-nous pas en pleine forêt, l'hiver, la neige sous nos pieds,
qui nous recouvre d'une couche épaisse et continue à nous saupoudrer ? Quelle
chaleur pouvez-vous ressentir ici ?
- Mais une chaleur comparable à celle d'un bain de
vapeur à l'instant où son tourbillon vous enveloppe.
- Et l'odeur que vous sentez, est-elle aussi comme
aux bains ?
- Oh ! que non, dis-je. Rien sur la terre
ne peut se comparer à cet aromate. Quand autrefois j'aimais danser, aux réunions
et aux bals, feu ma petite mère me parfumait parfois avec des parfums qu'elle
achetait dans les meilleurs magasins de Kazan. Mais ces parfums ne sont rien en
comparaison de ces « aromates ».
Père Séraphin, alors, sourit agréablement en
disant:
- Je sais, en vérité, que
c'est bien ainsi et c'est exprès que je vous questionne sur ce que vous
ressentez ! C'est bien vrai, rien ne peut se comparer avec le parfum que nous
humons actuellement, car c'est l'aromate de l'Esprit Saint qui nous enveloppe.
Quelle chose terrestre peut lui être comparée ?
Notez bien que vous m'avez dit tout à l'heure, qu'il faisait chaud comme aux bains. Pourtant regardez, la neige qui nous recouvre ne fond point, non plus que celle qui est sous nos pieds: cette chaleur n'est donc pas dans l'air, mais à l'intérieur de nous-mêmes. C'est cette chaleur que l'Esprit Saint nous fait demander dans la prière, quand nous clamons vers Dieu: « Que Ton Saint Esprit me réchauffe ! ».
Réchauffés par cette chaleur, les ermites ne craignaient plus le froid de l'hiver, habillés comme par des pelisses chaudes dans un vêtement tissé par la Grâce de l'Esprit Saint.
Commentaire de « LE ROYAUME DES
CIEUX EST EN VOUS ».
Et
c'est ainsi que les choses doivent être en réalité, puisque la Grâce divine doit
habiter au plus profond de nous, dans notre coeur, comme l'a dit le Seigneur: «
LE ROYAUME DES CIEUX EST EN VOUS ».
Et, par le « Royaume des Cieux », le Seigneur
entendait la Grâce de l'Esprit Saint. C'est ce « Royaume des Cieux » qui se
trouve à présent en nous, et la Grâce de l'Esprit Saint nous éclaire et nous
réchauffe aussi de l'extérieur, et embaume l'air environnant de divers parfums
et réjouit nos sens de célestes délices, désaltérant nos coeurs d'une
inexprimable joie. Notre état actuel est celui-là même dont l'Apôtre Paul disait
: « LE ROYAUME DES CIEUX N'EST POINT NOURRITURE OU BREUVAGE, MAIS LA VÉRITÉ ET
LA JOIE EN L'ESPRIT SAINT ». Notre foi consiste non pas en « des paroles de la
sagesse terrestre mais dans la manifestation de la Force et de l'Esprit ». Nous
sommes actuellement avec vous dans cet état.
C'est de cet état précis que le Seigneur
Dieu dit : « Certains ici présents ne goûteront point la mort avant d'avoir vu
le Royaume des Cieux venir en « Force ».
Voilà, quelle joie incomparable le Seigneur
Dieu nous accorde ! Voilà ce que signifie «être en la plénitude de l'Esprit
Saint », et c'est cela qu'entend saint Macaire d'Égypte quand il écrit :
« Je fus moi-même en la plénitude de
l'Esprit Saint ».
Maintenant le Seigneur nous a, nous aussi,
humbles que nous sommes, remplis de cette plénitude de Son Saint Esprit.
Eh bien, votre Théophilie, il me semble à
présent que vous n'allez plus m'interroger sur la façon dont se manifeste dans
les hommes la présence de la Grâce de l'Esprit Saint.
VIII. - La révélation de
Saint Séraphin est donnée au Monde entier.
- Mission de Motovilov.
- Dieu ne veut pas que l'infortune soit notre
condition terrestre.
- Imitons le
fidèle serviteur.
- Dieu est
proche.
- Miséricorde de
Dieu.
Saint Séraphin prédit à Motovilov
que ce qu'ils ont vécu sera porté à la connaissance du monde
entier
- Vous
rappellerez-vous, cette manifestation de l'ineffable Grâce divine qui nous à
touchés ?
- Je ne sais, mon Père,
dis-je, si Dieu me rendra digne de garder en ma mémoire pour toujours, aussi
vivante et nette que je la sens à présent, cette Grâce.
- Il m'est avis, répondit saint Séraphin, qu'au
contraire Dieu vous aidera à garder tout ceci pour toujours en votre mémoire. Sa
miséricorde n'aurait pas été aussi immédiatement touchée par mon humble prière
et n'aurait pas aussi promptement devancé le voeu de l'humble Séraphin; d'autant
plus que ce n'est pas à vous seul qu'il a été donné d'entendre ceci, mais par
vous, au monde entier, afin que vous vous affermissiez vous-même dans l'oeuvre
de Dieu et que vous puissiez être utile à d'autres.
Dieu cherche avant tout des coeurs
entièrement remplis d'amour pour Dieu et le prochain.
Quant à nos états différents, puisque je suis moine
et que vous êtes laïque, ne vous en tracassez point; Dieu ne recherche que
profession de foi véritable en Lui et en Son Fils consubstantiel. Cette Foi est
récompensée d'En Haut abondamment par la Grâce de l'Esprit Saint.
Dieu cherche un coeur entièrement rempli
d'amour pour Dieu et le prochain.
Voilà le trône où Dieu aime résider et où Il
apparaît dans la plénitude de Sa Gloire céleste.
« Fils, donne-Moi ton coeur », dit-Il, « et le
reste Je te le donnerai par surcroît », puisque le coeur de l'homme peut
contenir le Royaume des Cieux. Le Seigneur recommande à Ses disciples : «
Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et Sa Vérité et tout le reste vous sera
donné en plus. Car Dieu, votre Père, sait que vous en avez besoin ! ».
Dieu donne aussi les biens
terrestres, et veut que les hommes se soutiennent les uns les autres et
accomplissent la loi du Christ
Le Seigneur ne nous reproche pas la jouissance des
biens terrestres, puisqu'Il dit Lui-même que notre condition dans cette vie
terrestre nécessite cela, Et la Sainte Église prie pour que tout ceci nous soit
donné par le Seigneur Dieu. Et quoique les peines, les malheurs et différents
besoins soient inséparables de notre vie sur terre, cependant le Seigneur Dieu
n'a pas voulu et ne veut pas que nous soyons conditionnés seulement par les
peines et l'infortune, c'est pourquoi Il nous recommande, par les Apôtres, de
porter les fardeaux les uns des autres et d'accomplir ainsi la loi du
Christ.
Le Seigneur Jésus personnellement nous
donne le commandement de nous aimer les uns les autres, afin qu'étant
réconfortés par cet amour mutuel, nous nous rendions plus facile la douloureuse
et étroite voie de notre marche vers la patrie céleste. Pour quelle fin
serait-Il descendu du Ciel, sinon pour prendre sur Soi notre pauvreté et nous
enrichir par le trésor de Sa Grâce et Ses inépuisables générosités.
Puisqu'Il est venu, non pour être servi,
mais pour servir les autres et donner Son Âme pour la rédemption de beaucoup,
ainsi, vous, agissez de même et, ayant vu clairement la grâce que Dieu vous a
accordée, communiquez-la à chaque homme qui désire son salut.
« La moisson est grande », dit le Seigneur, « et il y a peu de moissonneurs ». Ainsi, le Seigneur nous a envoyés, nous aussi, pour l'action et nous a donné les dons de Sa Grâce pour que, moissonnant les épis du salut de nos proches par le plus grand nombre de personnes amenées par nous dans le Royaume de Dieu, nous Lui apportions des fruits, qui à trente, qui à soixante, qui à cent pour cent.
Soyons attentifs pour nous mêmes afin que
nous ne soyons pas condamnés avec ce serviteur infidèle et paresseux qui a
enseveli sa mine, mais tâchons d'imiter ces bons et fidèles serviteurs de Dieu
qui ont apporté à leur Maître, l'un, au lieu de deux mines, quatre, et l'autre
au lieu de cinq mines, dix.
Quant
à la Miséricorde de Dieu, il n'en faut point douter.
Vous voyez vous-même comment sont accomplies en
nous les paroles de Dieu dites par le prophète :
« Je ne suis point un Dieu lointain, mais un Dieu
proche, et ton salut est à ta bouche ! ».
Je n'ai pas eu le temps de me signer, mais
seulement j'ai désiré dans mon coeur que le Seigneur vous rende digne de voir Sa
Grâce dans toute sa plénitude, que déjà Lui a voulu se dépêcher immédiatement et
en réalité exaucer mon désir. Je ne me vante pas en vous disant cela; ce n'est
pas pour vous montrer mon importance et vous induire en envie, pour que vous
pensiez que je suis moine et vous laïque: non, non ! « LE SEIGNEUR EST
PROCHE POUR TOUS CEUX QUI L'INVOQUENT EN VÉRITÉ: IL N'EN VOIT PAS LES VISAGES.
LE PÈRE AIME LE FILS ET A TOUT DONNE EN SES MAINS »
Puissions-nous L'aimer, Lui, NOTRE PÈRE
CÉLESTE, vraiment comme des fils.
Dieu entend également le moine et le laïque, simple
chrétien, pourvu qu'ils soient tous deux orthodoxes, aiment Dieu du fond de leur
âme, aient la Foi, « n'eut-elle que l'importance d'un grain de sénevé », et tous
les deux feront mouvoir les montagnes.
« UN SEUL FAIT MARCHER DES MILLIERS
ET DEUX DES QUANTITÉS INNOMBRABLES », dit
le Seigneur Lui-même.
« TOUT EST
POSSIBLE A CELUI QUI CROIT ».
Et
l'apôtre Paul d'élever la voix : « Je puis tout avec le Christ Qui me fortifie
»,
N'est-il pas plus merveilleux encore que le Seigneur Jésus, en parlant de ceux qui croient en Lui, dise : « Celui qui croit en Moi, non seulement fera ce que Je fais, mais fera plus que cela, parce que Je vais vers Mon Père L'implorer pour vous, que votre joie soit accomplie. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en Mon Nom, mais désormais, demandez... ».
Ainsi, tout ce que vous demanderez au
Seigneur Dieu, vous l'obtiendrez, pourvu que cela soit à la Gloire de Dieu ou
pour le bien du prochain.
Car Dieu
rapporte aussi le bien du prochain à Sa Gloire; c'est pourquoi Il dit : « Tout
ce que vous ferez au plus petit d'entre vous, c'est à Moi que vous le ferez »
.
Aussi, n'ayez aucun doute que le
Seigneur n'exauce vos prières, du moment qu'elles ont trait à Sa Gloire, au bien
et à l'instruction du prochain.
Mais si pour votre propre cause ou nécessité quelconque, ou chose pour vous utile, vous demandez le secours du Seigneur, Il vous exaucera aussi rapidement et sûrement, pourvu que vraiment vous en ayez besoin, parce que Dieu aime ceux qui L'aiment. Dieu est bon pour tous, donne généreusement à ceux qui invoquent Son Nom; Ses générosités sont dans tout ce qu'Il fait. Il fera selon le désir de ceux qui Le craignent; leur prière sera entendue et tout s'accomplira, accompli par Dieu selon ta demande.
Ne pas demander des choses dont on
peut facilement se passer
Faites attention seulement de ne solliciter que des
choses dont vous avez vraiment un besoin pressant. Il n'y aura pas de refus,
certes, à cause de votre foi orthodoxe manifestée, en le Seigneur Jésus-Christ.
Car Dieu ne mettra pas le « sceptre des justes à la disposition des pécheurs, et
fera selon la volonté de David Son serviteur », mais il lui sera demandé
pourquoi il L'a prié sans raison valable, en sollicitant des choses dont on peut
facilement se passer.
Saint Séraphin renvoit
Molovitov
Ainsi je
vous ai maintenant tout dit et montré en réalité ce que le Seigneur et la Sainte
Mère de Dieu ont voulu vous révéler par l'intermédiaire de l'humble
Séraphin.
Allez en paix ! Que le
Seigneur Dieu et la Sainte Mère soient avec vous, toujours et maintenant et dans
les siècles des siècles.
Amen !
Allez en paix !
Pendant tout cet entretien, depuis le
moment où la face de saint Séraphin s'est illuminée, cette vision n'a point
changé et, depuis le commencement du récit jusqu'à la fin, saint Séraphin est
toujours resté dans la même position.
J'ai vu de mes propres yeux le rayonnement de
lumière ineffable dont il était la source et pourrais le certifier sous la foi
du serment. Fin.
Traduit du russe par Madame
Mouraview
reprise avec
corrections et ajouts de http://livres-mystiques.com
que Dieu bénisse Roland
Soyer.
J'ai pris la liberté de supprimer les "votre petit
père" et "votre Théophilie" qui parsèment le dialogue, j'ai effacé ces
répétitions et expressions les jugeant lourdes et génantes.
les
virgules remises, elles étaient transformées en point - les oe étaient scannés
en ù ou uu - enlever des : qui trainent, changer les m en n de
Séraphin
file:///C:/Documents%20and%20Settings/Propriétaire/Local%20Settings/Temp/Rar$EX00.906/indexAlexis@JesusMarie.com